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Jules Védrines, 250 000 km en aéroplane par Thierry Matra aux éditions Les établissements

01 avril 2021 Lettre 3AF
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par Bernard Vivier, membre du comité de rédaction

 

Jules Védrines est sans doute l’un des pionniers de l’aviation qui eut la plus grande popularité. Naturellement, ses exploits et records de pilote d’avant 1914, comme son engagement pendant la « Grande guerre » on largement contribué à sa notoriété, mais, issu d’une famille modeste, il a toujoursconservé en toute circonstances, l’esprit gouailleur et rebelle du « titi » parisien. Il a toujours été le favori du public. Une personnalité très attachante et restée si proche…

Animé d’une volonté tenace, capable de mesurer le danger tout en l’affrontant, porté par une saine ambition de réussir dans ses entreprises, s’adaptant sans complexe à tous les milieux, l’aviation naissante lui a fourni une magnifique opportunité de se révéler.

Ce livre, écrit par Thierry Matra et publié par « Les Etablissements » nous permet de suivre en détail l’étonnant parcours d’un pilote « hors normes » à bien des égards et s’appuie sur un important travail de recherche.

De son enfance, en compagnie de son père, couvreur, sur les toits de Paris, jusqu’à ses maigres économies qu’il consomme, passionné d’aviation, pour prendre ses leçons de pilotage à l’école Blériot de Pau, il y a déjà matière à s’étonner de la volonté inébranlable du jeune Védrines et de son adaptabilité. Il passera avec brio son brevet de pilote en décembre 1910.

Ce n’est d’ailleurs pas vraiment par esprit sportif qu’il est venu à l’aviation, mais par passion et surtout parce que les prix à gagner dans les meetings aériens de l’époque, comme dans les premières courses organisées en Europe, faisaient rêver tous les « apprentis aviateur »…

Devenu pilote « maison » chez plusieurs constructeurs successifs, le jeune Védrines commence à se faire connaitre et même désirer, en cette période de compétition entre les concepteurs d’aéroplanes. (Un pilote dira de cette époque que l’intérêt pour l’aviation était tellement fort que « si un inventeur fou montait un moteur sur la porte d’une armoire à glace, il était toujours certain de trouver un pilote pour l’essayer et gratuitement ! »).

Parmi d’autres, c’est avec un Morane qu’il va remporter la fameuse course Paris-Madrid, puis Deperdussin va lui permettre de devenir recordman du monde de vitesse à Pau et d’aller ensuite gagner, aux Etats Unis, la célèbre coupe Gordon Bennett, en 1912.

L’éternel irrespectueux, devenu très patriote, rejoindra tout naturellement, mais non sans « coups de gueule », l’aéronautique militaire dès les premières manœuvres intégrant l’aviation, puis pour toute la durée de la guerre 14-18. Affecté à la MS 3, commandée par Brocard et qui saura dompter ce caractère indépendant, Jules Védrines sera le mentor avisé du jeune et bouillant Georges Guynemer, à son arrivée en escadrille. Il sera ensuite chargé de « missions spéciales » particulièrement risquées, de dépose et de reprise d’agents en territoire occupé par les troupes allemandes, dans lesquelles son sang-froid et ses qualités de pilote seront un atout apprécié du commandement.

Thierry Matra, qui  a fait, pour cet ouvrage,  un remarquable travail documentaire, donne, sur cette période généralement peu développée, des informations très intéressantes et publie aussi des extraits de lettres de Védrines, qui sont passionnantes.

Après-guerre, le « gavroche sublime », comme le disait Jacques Mortane, aurait pu se reposer un peu… Ce n’était pas dans son caractère. Il posa donc son Caudron G.3 sur le toit des Galeries Lafayette, boulevard Haussmann puis replia trop tôt ses ailes un mauvais jour d’avril 1919, à Saint Rambert d’Albon, par un temps exécrable, lors d’un raid Paris-Rome demandé par l’autorité militaire.

Jules Védrines n’était pas qu’un brillant pilote. Il fut aussi écrivain, auteur de chansons, homme politique (faisant sa tournée en avion !) vedette des actualités et du cinéma et tout cela avec un naturel si sympathique, une franchise si rafraichissante que ce gros ouvrage se déguste par petites gorgées !

Un seul regret : avec une vie si remplie, une synthèse chronologique aurait été utile.

Ouvrez le livre installez-vous aux commandes et lancez donc le moteur… à la main, comme autrefois, mais, comme l’aurait dit Védrines, une vérification s’impose : « Eh dis donc, Fleur-de-nave, tu peux toujours tirer sur l’bout de bois, t’avais oublié d’ouvrir l’essence » !            




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